Soldats sénégalais en 1940

Le 18 juin 1940, un barrage est dressé par un groupe de soldats français à  l’Arbresle, sur le pont de la Brévenne, pour ralentir la progression de soldats allemands qui veulent avancer sur Lyon.
La supériorité numérique des troupes allemandes permet de venir à  bout de ce barrage.

Les soldats français s’échappent en direction de Fleurieux et Lentilly, et en particulier un groupe de soldats sénégalais se réfugie dans les bois de la Croix du Ban.
Le lendemain matin, ces soldats passent au centre du village de Saint Pierre la Palud. Ils s’arrêtent un moment sur la place, les habitants leur donnent des boissons et des vivres, puis ils repartent vers la montagne.Vers 14 heures, le maire, Monsieur NICOLAS, est informé par téléphone qu’un détachement de soldats allemands va arriver à  Saint Pierre.
Il se rend à  la mairie.
En effet, quatre motos, suivies de quatre voitures blindées arrivent, desquelles descendent des soldats mitraillettes au poing.
L’officier fait irruption dans la mairie, et demande au « bourgmestre » : « Vous avez des noirs ici ? Où sont-ils ? ».
Le maire répond qu’il n’y a pas de soldats ici.
L’officier mécontent répond « si noirs ici, vous mort ».
Un moment plus tard arrive un motocycliste allemand, qui s’adresse à  l’officier.
Coup de sifflet : les soldats se précipitent, voitures et motos démarrent à  folle allure en direction de Chevinay.
Soudain, à  400 mètres de la mairie, le convoi stoppe et l’on entend cinq coups de feu. Vingt minutes plus tard, on voit revenir le convoi avec une soixantaine de soldats sénégalais désarmés.
 Ce groupe de soldats, n’ayant plus de munitions, avait décidé de se rendre.
 Ces soldats membres du 25ème RTS (Régiment de Tirailleurs Sénégalais) seront pratiquement tous tués par les soldats allemands ainsi que la majorité des combattants sénégalais ayant contribués à  la défense de LYON entre le 17 et le 20 juin 1940.

Les Sénégalais du 25e RTS dans la région de Lyon:
Le 25e RTS, détaché de la 8e DIC et en réserve de l’armée des Alpes, est engagé dans la région de Lyon, dans les opérations visant à  arrêter la progression des troupes allemandes.

 La situation militaire en région lyonnaise au 17 juin 1940:
La défense de la région lyonnaise est inséparable de celle du front des Alpes de juin 1940. En effet, sur Lyon convergent de nombreuses routes venant du nord empruntées par les divisions allemandes dans leur poussée vers le sud, dont les trois principales sont, d’ouest en est :

  •  – la N 7 venant de la Loire par Tarare et l’Arbresle ;
  • – la N 6 par la vallée de la Saône et aboutissant à  Lissieu ;
  • – la N 83 venant de Bourg-en-Bresse à  travers la Dombes et arrivant aux banlieues lyonnaises de Rillieux-Sathonay.

Entre celles-ci, de nombreux itinéraires secondaires permettent des variantes et facilitent les infiltrations, en particulier les départementales 485 par la vallée d’Azergues et 933 par Trévoux et la rive est de la Saône.
La défense de l’important carrefour stratégique de Lyon et de ses ponts suppose donc la tenue d’un vaste arc défensif couvrant la convergence de toutes ces pénétrantes venant du nord et s’appuyant sur le relief favorable des monts du Lyonnais à  l’ouest et des Monts d’Or au nord.
C’est cet arc défensif naturel d’une soixantaine de kilomètres allant de la région de Tarare au plateau de la Dombes qu’a décidé d’occuper et de valoriser le commandement français.
Il en a confié la mission au Groupement de Mesmay.

La situation militaire en région lyonnaise au 18 juin 1940:
 Le maire de Lyon Herriot arrache auprès de Pétain la décision de déclarer « Lyon ville ouverte » le mardi 18 juin à  3 heures du matin. Cette décision signifie que les troupes chargées de la défense de l’agglomération lyonnaise se replieront sans combattre et que la ville et surtout ses nombreux ponts seront livrés intacts à  l’ennemi. Elle est transmise dans la journée du 18 au général Hartung, gouverneur militaire, qui a admis depuis la veille être dans l’impossibilité de résister.
 Mais le général Olry, commandant l’Armée des Alpes réduite à  quatre divisions, ne l’entend pas ainsi. Pour lui la mission demeure tant que les hostilités restent ouvertes.
 Devant la désorganisation des réseaux de communications et la confusion de la situation générale les responsables militaires sont livrés à  eux-mêmes sur l’attitude à  adopter localement et beaucoup décident, au-delà  du 17 juin, de poursuivre le combat « pour l’honneur ».

Dans cette situation confuse, la couverture au nord de l’Armée des Alpes conserve toute sa nécessité. Le général Olry y consacre trois groupements de force, deux sur le cours supérieur du Rhône jusqu’à  la Suisse et le groupement de Mesnay au nord de Lyon.

Commandé par le Général de Mesmay, ce groupement est composé d’unités disparates, issues d’une mobilisation locale menée à  plusieurs étapes au cours des mois et semaines précédents, dont le niveau d’instruction et les équipements sont fort variables, en général médiocres et incomplets, et la cohésion insuffisante pour qu’elles soient engagées en campagne.

A ce groupement a été rattaché la seule formation ayant atteint un niveau opérationnel acceptable,le 25e RTS (Tirailleurs sénégalais), conservé jusque là  en réserve de l’Armée des Alpes. Ce régiment d’infanterie coloniale, commandé par le colonel Bouriand et composé classiquement de 3 bataillons, avec des éléments africains originaires pour l’essentiel du Sénégal et du Soudan français.
En mai 1940, il n’a pas eu le temps d’être engagé en campagne.

Sitôt en place dans la journée du 17 juin, Tirailleurs sénégalais et artilleurs reçus en appui organisent le terrain et créent des obstacles, mais ils disposent de moins de 48 heures avant de subir le choc de l’ennemi.
Conscient de l’extrême faiblesse de ses moyens et du temps limité dont il dispose avant l’arrivée de l’ennemi (48 heures au maximum), le général de Mesnay a mis ses meilleures troupes de l’Arbresle à  la Saône, face à  la N 6, tenue par le 25e RTS, flanqué à  son ouest, sur la N 7 à  hauteur de Tarare, par un bataillon de marche d’infanterie, et à  son est au-delà  de la Saône, sur le plateau de la Dombes, par un bataillon de marche de la Légion étrangère.

Dans son secteur, dont la vingtaine de kilomètres de front dépasse largement ses moyens, le colonel commandant le 25e RTS a placé deux bataillons, selon les ordres reçus de son supérieur, « sur la ligne générale Curis, Saint-Germain-au-Mont-d’Or, Chasselay (au I/25 RTS ), Marcilly-d’Azergues, Lozanne, L’Arbresle (au II/25 RTS)  » et s’est gardé une faible réserve à  hauteur de Champagne-au-Mont-d’Or où il a installé son PC.

La situation militaire en région lyonnaise au 19 juin 1940:
L’ennemi se présente le 19 dans la matinée sur les deux directions principales ; la N 7 à  Tarare et la N 6 aux Chères.

La 3ème Division SS Totenkopf (tête de mort) a pour objectif Lyon en passant par Moulins et Roanne. Le 19 au milieu de l’après-midi, ses éléments de reconnaissance se heurtent à  hauteur de Tarare à  la couverture la plus avancée du dispositif français, appartenant au bataillon de marche (éléments du 131e RI) mis en place depuis l’après-midi du lundi 17 par le groupement de Mesnay.

Après avoir subi quelques pertes de cette résistance inattendue, il se renforce rapidement d’artillerie et de blindés légers, manoe€œuvre et parvient à  Pontcharra en fin de journée où il se heurte à  une nouvelle résistance. Les éléments du 131e RI se replient au sud.

Sur cette même N 7 la résistance est déployée autour de l’important carrefour de l’Arbresle (tenu par le 2ème bataillon du 25e RTS), qui commande l’approche de Lyon par le nord-ouest.
Sans tenir la ville pour éviter des représailles à  la population, la 5e Compagnie du capitaine Clément s’installe solidement sur les hauteurs dominantes à  l’est.

Les colonnes allemandes se présentent le mercredi 19 juin vers 18 heures en débordant la N 7 par le nord, craignant d’y trouver de nouvelles résistances. Ce sont des SS motorisés qui fouillent immédiatement la ville. A la sortie est, ils sont pris sous le feu des tirailleurs. Les combats durent toute la soirée et une partie de la nuit et les Allemands restent bloqués dans l’Arbresle.

Après l’ordre de repli en direction du sud vers Pollionnay, une partie de la compagnie qui n’a pu être touchée reste seule sur les hauteurs et continue à  combattre jusqu’à  l’aube. Ces hommes résistent jusqu’à  l’extermination.
L’Arbresle échappa de justesse à  la destruction malgré les effets des tirs d’artillerie et d’armes lourdes, mais déplora de nombreuses victimes civiles.

La situation militaire en région lyonnaise au 20 juin 1940:
Le lendemain, 20 juin, les Allemands perdent beaucoup de temps à  nettoyer les résistances à  l’est de l’Arbresle qu’ils trouvent accrochées aux villages de Fleurieux et d’Eveux dominant au sud la N 7. Pour en venir à  bout ils doivent monter de véritables opérations locales.

Trois kilomètres plus à  l’est, toujours sur la N 7, les Allemands subissent un nouveau retard. Ils se heurtent à  Lentilly qui contrôle la montée sur le plateau de la Tour-de-Salvagny, à  une nouvelle et forte résistance des restes de deux compagnies de Tirailleurs qui, eux aussi, n’ont pas été touchés par les ordres de repli. Des combats isolés se poursuivent toute la matinée, mais les résistances sont vite submergées sous le nombre.

Des survivants prisonniers, les assaillants font le tri. Les officiers sont embarqués en camions et ramenés à  Tarare, les sous-officiers et soldats blancs sont regroupés et évacués à  pied, les tirailleurs sénégalais sont immédiatement exécutés (une cinquantaine) par la panzer division SS TotenKopf, et la Panzer grenadier division GrossDeutschland. Leurs cadavres seront ensuite impitoyablement écrasés sous les chenilles des blindés allemands.

Au cours de ces combats de près de 24 heures autour de l’Arbresle et sur les communes situées à  son est, de nombreux actes de bravoure et de dévouement ont été donnés par la population qui a renseigné, nourri, secouru, aidé à  se replier les unités françaises engagées, puis les combats terminés, ont caché les tirailleurs sénégalais promis, en cas de capture, à  une exécution immédiate.
Les 19 et 20 juin 1940, ce sont près de 200 prisonniers sénégalais du 25e RTS qui sont abattus dans la région de Lyon (Montluzin, Chasselay…).
Le fameux Tata de Chasselay (enceinte de terre sacrée ), au nord de Lyon, en témoigne.

Sources : nombreux articles sur Internet
http://www.revues-plurielles.org/_uploads/pdf/6/115/ei_115_aidara.pdf
http://www.farac.org/index.php/memoires-farac/seconde-guerre-mondiale-1939-1945/item/combats-pour-l-honneur-au-nord-de-lyon

déjà publié le 04/03/2011
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