Né à Saint Pierre la Palud en 1854, DEPASSIO (dont le prénom n’a pas été retenu) était un menuisier consciencieux et habile. Il avait en particulier réalisé seul le remarquable escalier monumental du hall d’entrée de la Pérollière, ouvrage particulièrement difficile, un véritable chef-d’oeuvre. Mais il avait de fortes tendances dépressives, qui allaient lui faire imaginer une décision funeste unique au monde, à notre connaissance.
La nuit du 27 au 28 janvier 1896 est pour son voisin mitoyen une nuit d’insomnie : les bruits de scie et de coups de marteau se prolongent du soir au matin, sans interruption. Le lendemain, son voisin, inquiet d’avoir à affronter une deuxième nuit difficile, vient chez lui. Il frappe à sa porte. Il n’obtient pas de réponse . . . . pousse la porte . . . . entre dans la maison . . . ne trouve personne . . . se dirige vers la cave . . . et là , dans la pénombre, fait une découverte déconcertante : l’homme est couché sur le dos, sur une sorte de lit bas dominé la tête par deux montants verticaux de deux mètres de hauteur.
Il a le bras droit levé, la main accrochée à une corde fixée au sommet de « l’ouvrage » et dans la main gauche, un bâton avec lequel il a éteint une lampe à huile placée non loin de lui. On fait de la lumière . . . .
HORREUR ! ! ! Depassio n’a plus de tête. Celle-ci a roulé au fond de la cave, détachée net de son corps par sa machine infernale qui n’est autre qu’une guillotine artisanale.
Les montants verticaux sont pourvus de glissières permettant le coulissement d’une hache de 25 centimètres, lestée d’un marteau de maçon de 7 kilos. Au sommet de l’ouvrage, un système de verrous fait de pointes entrecroisées est commandé par la corde sur laquelle le malheureux a tiré après avoir fait l’obscurité.
« DEPASSIO avait préparé très ingénieusement l’instrument de son supplice. Rien ne manquait à la guillotine, ni le couperet , ni le déclic, ni la lunette, et les rainures des montants étaient soigneusement savonnées.
Le singulier monomane a poussé le dilettantisme de la mort jusqu’au raffinement le plus aigu : il s’est couché sur le dos pour voir s’abattre le couteau fatal, et lorsque les suprêmes dispositions ont été prises, il a tiré sur la ficelle qu’il s’était attaché au poignet droit et qui faisait manœuvrer le déclic. La tête a été tranchée net et le corps du supplicié volontaire n’a pas fait un mouvement.
Notre gravure de première page représente le suicidé dans la position ou il a été découvert par ses voisins.
article déjà publié le 22/01/2009