Félix Mangini
Sa famille, sa vie, ses oeuvres
1 – La famille Mangini :
- Le père Lazare Mangini 1802 – 1869
Lazare Mangini est né à Torriglia, duché de Gênes, en 1802, d’un père chaudronnier fondeur. Emigré en France, il apparaît dans la région vers 1829.
En 1832, Lazare épouse une orpheline lyonnaise, Louise Rolland 1814-1887. Il aura quatre enfants : deux garçons, Lucien et Félix, et deux filles, Marie et Félicie
Lazare Mangini est naturalisé Français en 1847. Il fait la connaissance de Marc Seguin, petit-neveu des frères Montgolfier. Après les ponts suspendus et la navigation à vapeur, Marc Seguin s’intéresse aux chemins de fer et a installé ses ateliers dans le quartier Perrache.
Lazare Mangini se révèle vite un grand entrepreneur de travaux publics et participe à la construction de la ligne de Lyon à Saint-Etienne inaugurée en 1832, Il contribua également, avec Marc Seguin, à la mise en place du Chemin de fer Paris-Versailles par la Rive Gauche ou encore le chemin de fer Marseille-Nice.
Ils ont participé, ensemble, à de très nombreux chantier dont le tunnel de La Mulatière à Lyon.
Lazare Mangini se consacre ensuite, d’une part à des activités minières, extracteur de houille à Sainte-Foy-l’Argentière puis en Saône-et-Loire dans les mines de Longpendu, d’autre part à des activités ferroviaires, ligne de Toulon à Nice, percement à Lyon du tunnel Saint-Irénée.
À sa mort, il laisse à ses enfants une importante fortune
2 – Ses frères et soeurs :
- Louis dit Lucien – 1833 – 1900
Après avoir été élève au Séminaire de l’Argentière, Lucien prendra avec son frère Félix, ingénieur également, la suite des affaires paternelles.
Lucien Mangini ne fut pas seulement un ingénieur entreprenant. Il fut également un homme politique, très représentatif des républicains de cette fin de siècle. Il sera élu conseiller général du canton de Saint-Symphorien sur Coise de 1866 à 1877, député en 1870, puis sénateur de 1876 à 1882, enfin maire des Halles de 1863 à sa mort, le 27 août 1900.
Lucien Mangini, meurt en son château des Halles le 27 août 1900.
- Marie Félicie – 1839 – 1923 :
Elle épousera Louis Charles Balaÿ (1828-1891) qui fut maire de la commune de Saint Genis l’Argentière, de 1865 à 1872. Ils eurent 4 enfants
- Félicie Marie Célestine – 1843 – 1872 :
Mariée avec Augustin Seguin (1841 – 1904). Ils eurent quatre enfants dont :
- Louis, né le 7 février 1869, St-Pierre-la-Palud (69), décédé le 7 janvier 1918, fondateur de Gnome et Rhône, nationalisée ensuite sous le nom de SNECMA (maintenant SAFRAN).
3 – Ses enfants :
- Hélène, 1879 – 1958
Epouse de Léon Bérard créateur en France du deuxième centre anti-cancéreux aidé par Justin Godart (1932).Celui-ci fit construire en 1903, près de La Pérollière, une villa appelée « Chalet Félix », c’était la résidence d’été de la famille.
- Louise,
Epouse du cardiologue Louis Gallavardin.
- Lucie,
- Marc,
Qui succéda à son père comme maire de Saint-Pierre-la-Palud.
- Lucien-Lazare,
Interne des hôpitaux de Lyon (1910) qui soutient en 1915 une thèse sur les « Hémorragies de l’œil par blessure de guerre ». Médecin aide-major au 147e R.I., il est tué à Douaumont le 18 avril 1916 à l’âge de 29 ans. Est inscrit sur le monument aux morts de St Pierre la Palud
4 – La famille SEGUIN :
Destin liés des deux familles MANGINI et SEGUIN
- Marc Seguin 1786-1875
Marc Seguin ingénieur et inventeur français, né le 20 avril 1786 à Annonay en Ardèche et mort le 24 février 1875. Cet homme hors du commun eut 19 enfants et vécut 90 ans. Il est par sa mère le petit neveu de Joseph et Etienne Montgolfier les inventeurs des ballons à air chaud.
Il travailla sur de nombreux chantiers avec l’entrepreneur Lazare Mangini ; mais il fut aussi son ami et les deux familles étaient très unies. Il était le beau père de deux des enfants de Lazare Mangini, Félix et Félicie.
Inventeur de génie, Il est à l’origine de la deuxième voie de chemin de fer française, Lyon-Saint-Étienne.
Il construsit les premières locomotives françaises sur une base de locomotive de George Stephenson mais équipée de son invention, la chaudière tubulaire qui sextuplait la puissance développée par ces machines.
Il a innové dans la construction des ponts suspendus, son troisième pont, sur le Rhône, entre Tournon et Tain-l’Hermitage, est le premier grand pont suspendu léger construit en Europe continentale, avec câbles en fils de fer et travées de 85 m dit la « Passerelle »
Il crée une société de transport fluvial (Utilisant le principe de la chaudière tubulaire) afin d’assurer un service régulier, sur le Rhône, entre Arles et Lyon.
Il a crée (avec ses frères Camille, Jules, Paul et Charles, et Édouard Biot) la ligne de chemin de fer de Saint-Etienne à Lyon pour la « Compagnie du Chemin de Fer de Saint-Etienne à Lyon » en 1826
- Augustin Seguin (1841-1904)
Augustin Seguin fils de Marc est le premier enfant d’Augustine Montgolfier sa deuxième épouse. Il aura onze enfants dont 4 de son premier mariage avec Félicie Mangini, fille de Lazarre Mangini. En 1866, Augustin devient directeur de la Société Anonyme des Chantiers de la Buire
5 – Félix Mangini (1836 – 1902):
« Félix Mangini a été dans toute la force du terme un homme de bien. »
Après de sérieuses études scientifiques, achevées à l’École des Mines de Paris, où il entra en 1858 et dont il sortit en 1861, après avoir acquis le titre d’ingénieur civil, Félix Mangini s’associa à son père et à son frère Lucien, d’abord dans des exploitations de houillères, ensuite dans leur œuvre principale de constructeurs de chemins de fer.
Félix Mangini et son frère Lucien ont travaillé avec Marc Séguin, l’homme de génie qui a été le créateur des chemins de fer en France, et dont il avait épousé la fille Laura.
Ils furent à la fois les ingénieurs, les constructeurs et les administrateurs la Compagnie des Dombes et du Sud-Est
Après la fusion de la Compagnie des Dombes avec la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée, Félix Mangini ayant achevé de travailler pour lui-même, il a voulu consacrer aux autres, c’est-à-dire au bien sous toutes ses formes, les longues années qu’il lui restait encore à vivre.
Il crée :
– la Société d’Enseignement Professionnel du Rhône, en 1864, dont il sera le président jusqu’à sa mort
– la Société des Logements Economiques, devenue l’Office Public des H. L. M. du Rhône en 1888
– la société d’alimentation en 1891 fusionnée avec la Société des Logements Economiques
– le Sanatorium d’Hauteville, en 1900, pour soigner et guérir les habitants de la région lyonnaise attents de la tuberculose.
Il a été :
– Membre de la Chambre de Commerce de Lyon
– Administrateur des Hospices Civils de Lyon
– Président de la Caisse d’Epargne de Lyon
– Président de la Société des Amis de l’Université de Lyon
– Conseiller général du Rhône pour le Canton de Saint Laurent de Chamousset (1867-1871)
– Maire de la commune de Saint-Pierre-la-Palud pendant 38 ans (1864-1902)
Il est inhumé dans le caveau familial au cimetière de Saint-Pierre-la-Palud.
Un monument, inauguré en 1907 par son ami Émile Loubet, ancien Président de la République, rappelle sa mémoire dans les jardins de la Préfecture à Lyon (« Le 1er septembre 1905, les élèves de la Société de l’Enseignement Professionnel ont formulé une demande pour faire ériger un buste de Félix Mangini dans une allée du jardin de la Préfecture. La demande fut acceptée et Alfred Boucher fut choisi pour réaliser l’œuvre. »)
6 – Le chemin de fer :
- La compagnie des Dombes
L’activité professionnelle de la famille Mangini se situe dans le prolongement de celle de Marc Seguin ; d’abord associés avec leur père au sein de la société « Lazare Mangini et fils« , ils créent après le décès de celui-ci en 1869, la » Compagnie des Dombes et des chemins de fer du Sud-Est « avec laquelle ils vont réaliser dans le Rhône et les départements voisins un réseau secondaire régional de chemins de fer de 428 km, dont la ligne de Lyon-Saint-Paul à Montbrison.
Ils prennent le contrôle des « Chantiers de la Buire » à Lyon, spécialisés dans la fabrication de matériels ferroviaires. Ils fusionneront ensuite la Compagnie de la Dombes et les Chantiers de la Buire pour créer en 1869 la « Compagnie des Dombes et Chemin de Fer du Sud Est ».
En 1867, Emile Plasson, qui exploite déjà une ligne de bateaux-omnibus entre La Mulatière et Vaise, obtient le marché de la desserte de Paris par bateaux et commande aux Chantiers de La Buire 30 bâtiments qui devront gagner Paris par voie d’eau. (Ce sont les célèbres bateaux « mouche », nom du quartier de Gerland ou sont implantées les chantiers de la Buire)
La cession de ce réseau à la compagnie PLM (Paris à Lyon et à la Méditerranée) leur apportera en 1884, sous forme d’obligations, un revenu substantiel auquel viendra s’ajouter à la même époque la liquidation de la succession paternelle.
- La ligne Lyon-Montbrison
Elle faisait partie d’un projet ambitieux Lyon-Bordeaux, de 1863, qui ne fut jamais réalisé. D’abord confié aux frères Mangini, le projet Lyon-Montbrison, de 21 millions de francs, avec 12 de l’État et 2 du département, sera mis en chantier en décembre 1870.
Le 10 novembre 1873 ouverture de la section L’Arbresle – Sain-Bel
Le 17 janvier 1876, après 6 ans de travaux gigantesques (2 viaducs, 40 ponts, 6 tunnels, 12 déviations de la Brévenne, celle de nombreux chemins…), employant 1800 ouvriers en décembre 1873, qu’un service de 19 trains est mis en place sur les 80 km de la ligne.
Le trafic va s’intensifier dans la vallée : charbon de Sainte-Foy, chaux de l’Arbresle, produits fermiers ou artisanaux et voyageurs, bien entendu. De nombreux charrois faisaient l’aller-retour du bourg à la gare, sans compter les convois de bétail. Mais dès 1881, l’exploitation fut cédée au PLM qui acheta tout le réseau en janvier 1884, pour 16 millions de francs.
- Le tracé à l’origine
0.0 Lyon Saint-Paul
1.8 Lyon Gorge-de-Loup
3.9 Ecully – La-Demi-Lune
5.7 Tassin
7.4 Le Meridien
7.8 La Ferrière
8.7 Charbonnières-les-Bains
9.5 Casino – Lacroix-Laval
11.2 La Tour-de-Salvagny
16.0 Lentilly
18.7 Fleurieux-sur-Arbresle
22.7 L’Arbresle
25.5 Sain-Bel
30.2 Bessenay
33.7 Courzieu – Brussieu
42.1 Sainte-Foy-Largentière
53.0 Meys
60.0 Bellegarde-en-Forez
56.0 Viricelles – Chazelles-sur-Lyon
63.9 Montrond-les-Bains (Montbrison – Montrond) (Roanne – Andrézieux)
67.3 Boisset – Cerizet
72.0 Grézieux-le-Fromental
77.9 Montbrison
7 – La mairie de St Pierre la Palud
Félix a été maire de 1864 à 1902, il a été remplacé à sa mort en 1902 par son fils Marc.
En tant que Maire de la commune, il fait beaucoup évoluer les conditions d’activité de l’école communale. Alors que depuis toujours, les cours à l’école étaient payants (quatre tarifs pour apprendre soit la lecture seule, soit la lecture et l’écriture, soit la lecture, l’écriture, et le calcul, ou en plus la dictée !), il décide en 1881 que la commune paiera le salaire annuel de 200 francs à l’instituteur et un crédit annuel de 964 francs pour toutes les fournitures afin que l’enseignement devienne gratuit à Saint Pierre la Palud.
Et pour encourager les élèves, il verse personnellement une prime de 25 francs-or à chaque élève admis au Certificat d’Etudes.
C’est plus d’un mois de salaire de l’instituteur !
On lui doit la construction d’une partie des batiments publics de la commune dont l’ancienne Mairie en 1901 sur les plans de M. Rogniat architecte à Lyon.
Le bureau du conseil municipal et les fauteuils de son mandat sont actuellement dans la salle du Conseil Municipal. Leur rénovation a été financée par la famille MANGINI.
8 – Le sanatorium d’Hauteville
A la fin du 19e siècle, un médecin généraliste, le Docteur Jules-François Dumarest s’intéresse à la climatologie de montagne et arrive à la conviction que le plateau d’Hauteville réuni des conditions climatiques exceptionnellement favorables au traitement des affections pulmonaires.
Son fils, Frédéric Dumarest, réussit à convaincre Félix Mangini de réaliser sur le plateau de Hauteville, à 910 mètres d’altitude, le premier sanatorium populaire d’altitude français.
Sous l’égide de l’association philanthropique L’œuvre Lyonnaise des Tuberculeux Indigents, le chantier commençe en 1897 avec l’achat de terrains suffisamment éloignés du village, car les habitants ne voyaient pas d’un très bon oeil l’installation de tuberculeux contagieux. Le maître d’œuvre est l’architecte Germain. La construction se base sur le modèle de l’établissement suisse d’Heiligenschwendi, doté d’une partie centrale et de deux ailes obliques qui s’élèvent sur trois niveaux, l’ensemble est caractérisé par l’accroche en rez-de-chaussée d’une vaste galerie de cure surélevée et couverte qui relie les trois parties de l’édifice. Marqué par une architecture régionaliste, dans le traitement des façades et des toitures, il constitue à l’échelle du territoire français un véritable prototype en termes d’organisation fonctionnelle.
En août 1900, le centre reçoit ses premiers malades. La tenue de la maison et les soins sont assurés par une communauté religieuse (des soeurs franciscaines). Il accueille à l’origine cent vingt malades répartis en chambres de un à six lits, auxquels sont administrés les trois principes que sont « la cure d’air, le repos physique et moral, la suralimentation ». C’est également dans cet établissement que sont pratiqués les premiers pneumothorax thérapeutique (principe de mise en repos thérapeutique du poumon) en France
9 – Le domaine de la Pérolière :
Le domaine de La Pérollière est très ancien ; il fut un fief de l’Abbaye voisine de Savigny, aujourd’hui disparue ; il est déjà cité dans un acte notarié date de 1711 ; plusieurs de ses propriétaires successifs sont liés à l’exploitation des ancienne mines dites de Sain-Bel.
Le domaine était autrefois situe sur la seule paroisse de Saint-Pierre La Palud. Une partie côté stade est située sur la commune de Sain-Bel depuis l855, date de l’extension de celle-ci, au détriment de la commune de Saint-Pierre La Palud.
Lazare Mangini par ses travaux d’entrepreneur achète plusieurs propriétés dans la région, dont le domaine de La Pérollière.
Après la disparition de Lazare, Félix se voit attribuer le domaine de la Pérollière où il démolit l’ancienne demeure et fait construire la « villa » actuelle.
Il fait appel au talentueux architecte lyonnais Gaspard André qui a réalisé, entre autres à Lyon, le théâtre des Célestins et la fontaine de la Place de Jacobins. Gaspard André fait raser l’ancienne demeure bourgeoise et construire d’abord la ferme en l885, puis le château, achevé en l889. Mangini préfère l’appeler sa ‘’villa’’, dont le style florentin a été influencé par un précédent séjour de l’architecte en Italie. Mangini en fait la résidence d’été de sa famille, il y reçoit ses amis.
En l942, les héritiers de Félix Mangini ont vendu le domaine de La Pérollière à la Compagnie du Gaz de Lyon, pour y organiser un centre de formation de la jeunesse, sous les auspices de SPDE (Syndicat des Producteurs et Distributeurs de Gaz et d’Electricité du Sud-Est). Depuis l946, année de nationalisation, c’est EDF-GDF qui a assuré, sous plusieurs appellations successives, la formation d’élèves, ses futurs agents, puis leur perfectionnement dans le cadre de la formation continue pour adultes.
Voir en PJ le mémo de Maurice BERTHAULT sur le château
Sources :
https://recherches.archives-lyon.fr/ark:/18811/93qg175dxb06
http://www.amis-arbresle.com/article.php?id_article=203
http://patrimoines.ain.fr/n/sanatoriums-d-hauteville/n:379
http://www.annales.org/archives/x/mangini.html
Monographie générale agricole et industrielle de Saint-Pierre-la-Palud J.L.A. LEPIN
Les voies des Mangini de Laurence Duran Jaillard
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8569233?rk=21459;2